La nécessité de restaurer une production en France est aujourd’hui criante. Notre balance du commerce extérieur, déficitaire de 80 milliards d’euros, est là pour le rappeler. Nous avons, non seulement, les poches vides mais, en plus, elles sont trouées ! S’il faut les remplir, il faut avant tout s’assurer que cela ne sera pas en pure perte.
Finies donc les idéologies de résignation et de facilité répandues par nos dirigeants politiques, de droite comme de gauche; eux qui nous ont asséné, depuis 15 ans, que nous ne pouvions plus produire en France, que l’industrie c’était du passé et qu’il fallait tout miser sur une économie de services.
Quelle chimère, quelle folie ! Car ne plus produire, c’est ne plus créer de richesse, c’est, rapidement, atrophier notre économie. La mondialisation a bon dos pour expliquer notre déchéance productive, elle est bien commode pour justifier l’irresponsabilité de nos gouvernants.
Ne plus produire, c’est aussi pour, les extrémistes de tous bords, un formidable vecteur de cristallisation des peurs, afin de promouvoir un modèle de société autarcique, raciste et surtout irréaliste économiquement.
En réalité, si la mondialisation pose de nombreux problèmes, rien n’est insurmontable pour une nation développée comme la nôtre. Certains de nos voisins, comme l’Allemagne, l’ont prouvé en l’espace de quelques années. Pour surmonter ses peurs et ses handicaps, il faut déjà être convaincu que c’est possible, que nous sommes à même de trouver les solutions, et laisser de côté la recherche stérile de boucs-émissaires ou la tentation de faire l’autruche.
Le peuple français doit bien vite récupérer sa force productive, retrouver les talents de son industrie qui a accompagné sa croissance depuis l’aube industrielle.
Alors, comment produire de nouveau en France ?
D’abord, il faut cibler le modèle productif le plus adapté, sur lequel les efforts de la nation doivent portés avec les plus grandes chances de succès.
Les petites et moyennes entreprises (PME) offrent ainsi le meilleur modèle pour relancer notre production car :
– Elles représentent déjà, aujourd’hui, plus de 80% des emplois du secteur privé.
– Elles sont plus souples et plus adaptables face aux multiples contraintes des marchés mondiaux.
– Elles sont moins soumises aux mécaniques de l’actionnariat financier et donc moins délocalisables ; elles peuvent ainsi s’inscrire dans des logiques de recherche de pérennité plutôt que d’investissement juteux.
– Elles sont par nature moins centralisées et permettent, aux quatre coins de notre pays, de tisser un réseau économique local, seul gage solide d’un développement harmonieux du territoire national.
Il est alors nécessaire de privilégier ce type de structures plutôt que les grands groupes multinationaux qui n’offrent que très peu de garantie sur leur politique de développement national à long terme. Les multinationales imposent au pouvoir politique un rapport de force déséquilibré et leur impact sur les emplois en France et sur la participation financière à la solidarité nationale reste très discutable.
Ce premier constat semble évident, et pourtant ce n’est pas la direction prise depuis 4 ans par Nicolas Sarkozy au niveau national et pas davantage celle des leaders socialistes comme Alain Rousset à la tête de la Région Aquitaine.
Les uns comme les autres ont privilégié ces grands groupes pour de multiples raisons : force des lobbys, attirance pour ce qui brille, exposition médiatique…
Si l’on considère que ce sont les PME qui portent en elles le redressement de notre production, alors, il faut concentrer les efforts de la nation pour les aider ; en intervenant sur tous les aspects qui permettent à une production de se pérenniser (principalement industrielle même s’il ne faut pas oublier les autres sources de production). Cela passe par la création d’entreprises, par le choix de leur secteur de production, par la recherche et le développement, par leur solidité financière, par leur mode de gouvernance, par leur développement commercial, par leurs marges économiques, par leurs besoins d’une concurrence loyale…
C’est à tous ces niveaux que le pouvoir politique peut être un moteur et un facilitateur de la relance de la production française…
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A suivre dans de prochains articles :
– Les acteurs adéquats pour une stratégie ciblée et de long terme
– Gouvernance et solidité des entreprises de production
– Débouchés commerciaux, parts de marchés et marge de vente
– Œuvrer à une saine concurrence
Adrien Debever
La ré-industrialisation passera avant tout par les Petites et Moyennes Entreprises !
Il sera nécessaire de supprimer le goulot d’étranglement de notre économie que constitue l’absence d’un tissus efficace d’entreprises moyennes (il nous manquerait environs 10000 entreprises de 200 salariés), capables de faire la jonction entre grands groupes et petites entreprises, et permettant ainsi à ces dernières de bénéficier de la puissance exportatrice des première.