L’autre taxe carbone : la bénéfique

aberration_environnementale_et_economiqueComme je l’ai démontré dans mon précédent article, la taxe carbone que nous prépare le gouvernement, suite au rapport de Michel Rocard, sera injuste et peu efficace au regard de la protection de l’environnement.

C’est bien dommage car l’idée d’une taxe carbone est intéressante, à condition que nos dirigeants n’y voient pas là un impôt nouveau facile à faire accepter en ces temps de déficits publics abyssaux.

Une taxe carbone bien pensée, à la bonne échelle, peut être un outil de moralisation de l’économie mondiale dont nous avons tant besoin actuellement.

Pour que cela soit efficace, le niveau de prélèvement de cette taxe doit être l’Europe. C’est le plus grand marché de consommation au monde, son impact sur l’économie mondiale est donc majeur.

Cette taxe doit, par ailleurs, se baser sur le bilan carbone de tous les produits manufacturés comme alimentaires, et pas juste stigmatiser certains. Ce bilan carbone correspond à une traçabilité des rejets de CO² dans l’atmosphère que génère chaque produit pour arriver devant le consommateur final (ce processus offrant aussi une certaine garantie de qualité comme pour la viande). Il faut donc prendre en compte les matières premières utilisées, le processus de production, le transport et la distribution.

A partir de là, il faut créer une « échelle carbone » avec 4 ou 5 niveaux, claire, simple et visible pour le consommateur final. La taxe serait alors évolutive sur les niveaux les plus hauts (les plus polluants). Sa forme technique peut être multiple, comme par exemple des points de TVA supplémentaires dont les recettes pourraient ainsi être versées à l’Union Européenne dans un fond spécifique.

En corollaire à cette taxe, les gouvernements devront mettre en place des mesures incitatives afin que la grande distribution joue le jeu et propose dans ses linaires des produits à différents niveaux sur l’échelle carbone (au nom de la concurrence loyale…).

Grâce à ce système, le consommateur pourra pleinement mesurer l’impact de sa consommation sur l’environnement et il sera poussé financièrement à modifier certaines habitudes alimentaires telles que la consommation hors saison des fruits et légumes (venant de très loin, ils seront taxés).

Par ailleurs, l’industrie locale et européenne devraient trouver là un contre-balancement au dumping social du grand import (le transport par ces monstrueux porte-conteneurs entraînant une taxation qui mangera en partie l’intérêt d’une main d’œuvre sous payée) et être récompensée pour ses efforts dans les processus de production propre (ainsi par exemple : gain de compétitivité par rapport à la production américaine).

Enfin, le nouveau fond européen, ainsi constitué, devra servir directement ou indirectement (via les Conseils Régionaux et les fonds FEDER) à financer : la recherche sur les technologies d’énergies renouvelables (surtout pour l’automobile), des programmes de ferroutage au niveau européen, des aides à l’implantation d’une industrie verte partout en Europe ou bien encore des aides aux particuliers qui souhaitent opter pour un habitat faiblement consommateur d’énergie…

Après la soi-disant vague verte des élections européennes de juin dernier, il devrait être possible de voir aboutir ce genre de mesure au niveau des organes de l’Union Européenne !?

Cette conception de la taxe carbone peut, en tout cas, être un formidable outil de moralisation sur le plan environnemental de l’économie mondiale, en attendant une moralisation sociale…

Adrien Debever

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