« La crise », quelle salade !

Nous vivons une crise financière, économique et sociale qui est mondiale. Cela est un fait, que les médias relaient tous les jours en long, en large et en travers !

Au final, le terme « crise » est mis à toutes les sauces et devient la cause de tous les maux.

Devant ce battage médiatique quelque peu confus, on constate que les français, fidèles à leurs habitudes, revendiquent tous une part des mesures d’urgence et manifestent leurs doléances corporatistes…

En retour, les mesures pleuvent : effets d’annonce, saupoudrages,  changements de cap, actions ciblées…

Bref, on mélange tout, l’absence de cohérence est criante et une logique d’ensemble est bien difficile à percevoir dans cette grande salade.

Essayons, alors, de prendre un peu de recul…cette crise, financière au départ, puis économique (même si, en France, les difficultés économiques pré-existaient déjà) avant de devenir aujourd’hui sociale, cette crise est hors norme. D’abord par sa violence et son ampleur, mais surtout parce qu’elle n’est pas uniquement conjoncturelle : elle porte en elle une profonde remise en cause structurelle.

Face à ce constat, nos dirigeants devraient construire leurs actions autour de trois problématiques parallèles, complémentaires mais distinctes :

  • La nécessité de relancer l’économie nationale le plus vite possible : cela demande des mesures rapides, importantes et ponctuelles (soutien aux entreprises, marché publics, rétablir la confiance…).
  • L’urgence de protéger les plus fragiles : là aussi les actions doivent être rapides et ponctuelles. C’est le devoir fondamental de tout Etat envers ses citoyens mais il ne faut pas créer des déséquilibres à long terme ou plomber la relance économique (donc des primes et des prêts plutôt que des actions sur les salaires…).
  • Refondre le système mondial : agir sur les causes afin que cela ne se reproduise plus. Ces actions à long terme doivent être appliquées dès maintenant car la crise a permis au pouvoir politique de reprendre la main, au moins pour un temps, sur le pouvoir économique. Il faut alors faire pression sur les grands organes financiers, banques, multinationales, pays de paradis fiscaux pour leur imposer une nouvelle réglementation des échanges mondiaux, la lutte contre de la concurrence déloyale et ce, principalement en matière sociale, imposer des normes environnementales et une modification des règles financières et comptables.

Seules des mesures politiques menées simultanément sur ces trois axes ont une chance de succès. Cela s’entend bien évidemment pour la France mais aussi pour l’Europe et le monde. Le G20 a du pain sur la planche…

Adrien DEBEVER

L’art de la communication, seule arme du Président de la République face à la crise ?!

Début février, l’Elysée organise une grande messe télévisuelle afin de mettre en scène Nicolas Sarkozy relevant le défi de la crise…

L’un des « moments forts » fut, sans aucun doute, l’annonce-surprise de la suppression de la Taxe Professionnelle (T.P). L’objectif annoncé ce soir-là vise à alléger les charges des entreprises et à améliorer leur compétitivité dans cette période particulièrement difficile.

Cette annonce a pris l’allure d’un véritable « fait du Prince », tant cette mesure a semblé sortir du chapeau du Président,  sans aucune concertation, ni même information au sein de sa majorité !

L’étonnement a d’ailleurs rapidement fait place à l’inquiétude des élus de tous bords, et spécialement au niveau local où la T.P joue un rôle essentiel dans le financement des collectivités locales et dans la motivation politique.

C’est d’ailleurs lors de la présentation, il y a quelques jours,  des propositions du comité Balladur pour la réforme des collectivités locales que les choses se sont éclaircies. En effet, la « proposition 16 » prend acte de la suppression de la T.P et propose son remplacement par une taxe sur la Valeur Ajoutée,  le mécanisme et les bénéficiaires restant sensiblement identiques.

Toute cette histoire peut donc se décrypter ainsi : La Taxe Professionnelle a été réformée en modifiant les critères et les bases de la taxe. La montagne accouche d’une souris ! Pas de quoi révolutionner l’économie nationale  même si l’on remarque que cette mesure  offre davantage d’équité et  répond en outre  à une demande déjà ancienne de la part des entreprises.

Réformer la T.P  ne constitue en rien une aide significative pour le redressement de notre économie face à la crise, malgré l’effet d’annonce du Chef de l’Etat

L’art de la communication ne peut pas faire longtemps illusion dans un contexte actuel aussi difficile. Les tours de « passe-passe » élyséens, les changements d’appellation ou les modifications de quelques mécanismes ne remplaceront pas la nécessité urgente d’un second plan de relance, avec, cette fois, l’envergure nécessaire…

Adrien DEBEVER

Toute la dimension de François Bayrou…

Je vous invite à découvrir ou redécouvrir l’émission «ce soir ou jamais» de mardi dernier, présentée par Frédéric Taddaï sur France 3.

C’est un débat politico-philosophique (rare à la télé) entre François Bayrou, le philosophe Régis Debray, l’historien Jean-François Sirinelli et le politologue Olivier Duhamel.

Entre le philosophe engagé, de gauche, ancien soutien de Jean-Pierre Chevènement, et le politique agrégé des lettres classiques, s’établit un dialogue passionnant sur les valeurs, sur « l’inscription culturelle du politique ». Par ses réflexions et son questionnement, le philosophe parvenait à extraire du politique le fondement de son engagement, nous éclairant ainsi sur des éléments déterminants bien mieux qu’aucun journaliste politique jusqu’ici. Sous cet angle, la colonne vertébrale politique de François Bayrou : « l’humanisme », acquiert une épaisseur inattendue, et un contraste passionnant avec les visions Sarkozystes (bien plus terre à terre) ou socialistes.

Relancé par Jean-François Sirinelli, puis de façon plus pressante par Olivier Duhamel sur ses options futures de gouvernement et de positionnement politique, François Bayrou répond en prenant, un positionnement très gaulliste. Il évoque ses différences de valeurs avec le Président de la République, le clivage droite-gauche et l’existence d’un modèle de société « des inégalités croissantes » ces 20 dernières années.

Cette émission permet donc de mesurer toute l’envergure culturelle, intellectuelle et spirituelle de François Bayrou. Cette densité personnelle est, sans conteste, une caractéristique commune à tous les grands hommes d’Etat et qui manque cruellement à une bonne partie des leaders politiques actuels…

Le PS s’enfonce dans le crépuscule !

Après l’épisode burlesque et finalement pathétique des élections internes du Parti Socialiste en novembre dernier, c’est aujourd’hui la désignation des têtes de listes aux européennes qui laisse perplexe…

En effet, une fois de plus, les règlements de comptes et les calculs individuels semblent avoir prévalu.

L’exemple le plus frappant concerne la Gironde où Gilles Savary (député européen sortant) a été écarté pour des raisons bien peu légitimes. Ce n’est pas la compétence (que l’on peut reconnaître à G. Savary dans le domaine européen) ni la représentativité (la Gironde est le département le plus peuplé de la circonscription européenne du Sud-ouest) qui ont été déterminants.

Le choix est le résultat de rapports de force entre ségolènistes et la direction officielle du PS auxquels se rajoutent des coups bas entre membres du même camp (Savary dommage co-latéral de Peillon)…

Bref…de la magouille politique et un parti toujours incapable de rompre avec ses vieilles pratiques.

Gilles Savary a même déclaré dans la presse : « le PS est devenu la proie d’une bande d’apparatchiks » !

Aux militants et sympathisants d’en tirer les conséquences…

Adrien DEBEVER

J’ai de l’argent donc je suis !

Le « Bling-Bling » a pu paraitre assez folklorique et second degré mais malheureusement il n’en n’est rien et Jacques Seguela, grand ami et entremetteur du Président de la République, l’a prouvé avec une déconcertante sincérité (très rare chez ce communicant langue de bois et courtisant) :


Ce discours « droite décomplexée ou gauche caviar » est scandaleux, particulièrement dans la période actuelle. Mélange de cynisme, d’absences d’humilité et de respect mais surtout grande pauvreté de vie !

En effet, qui est le plus riche : celui qui, arrivé à 50 ans, pense que la seule réussite d’une vie est financière ou celui qui a conscience que l’essentiel de la vie est dans la connaissance, l’amour, la famille, l’amitié, la culture, l’échange… ?

 

La relance, avant tout un problème de conception…

La crise financière et économique que nous vivons actuellement montre que le système capitaliste et ultra-libéral est un échec.

Ce constat doit entrainer deux réactions : à court terme, relancer au plus vite l’économie mondiale afin de limiter les conséquences sociales de la crise et, à long terme, changer le fonctionnement et les règles de l’économie mondiale afin d’établir un nouveau modèle de société.

La relance, pour être efficace, doit être coordonnée au niveau mondial mais choisie par chaque pays. Il ne faut pas confondre ces mesures d’urgence avec la volonté de créer une nouvelle société, action de plus longue haleine qui instaurera une meilleure répartition des richesses et des valeurs fondamentales différentes.

Ainsi, les plans de relance nationaux doivent être adaptés aux caractéristiques propres à chaque pays, ils doivent être importants, ciblés et d’exécution rapide.

En France, le plan de relance doit comporter une politique spécifique de soutien des investissements et plus généralement de l’offre (Ce qui vise en priorité les entreprises qui génèrent les emplois sur le sol français) mais sans pour autant négliger une aide ponctuelle aux ménages et aux citoyens les plus démunis afin d’atténuer les effets de la crise sur les plus fragiles.

Une chose est sûre : la solution ne peut être le recours massif à l’emploi publique, comme le proposent les socialistes toujours aussi archaïques, solution qui aurait pour conséquence d’alourdir durablement les finances publiques (on ne peut, en effet, concevoir de renvoyer ces nouvelles recrues une fois la crise résorbée !). Par ailleurs, cela ne crée pas de richesse, seulement des coûts de fonctionnement et constitue une relance de l’économie par la consommation et donc au profit des importations et non de l’emploi national.

Ce plan doit être ponctuel, limité dans le temps, pour ne pas augmenter structurellement le déficit déjà très important de l’Etat. C’est une des raisons qui explique que la suppression de la Taxe Professionnelle  n’est pas une bonne idée (sans oublier les problèmes de financement et de motivation pour les collectivités locales). Une hausse du SMIC serait elle aussi critiquable puisque d’effet définitif et non temporaire, de plus l’offre (de produits ou services) des entreprises françaises serait alors touchée par une baisse de compétitivité, et la consommation des ménages profiterait davantage encore aux importations. Ce type de relance serait ainsi d’effet nul, voire négatif, sur les emplois nationaux.

Enfin, pour que le plan de relance soit pertinent, il doit être important et immédiat. Or, notre gouvernement n’a fixé que 15 Milliards d’euros sur 2 ans à injecter en supplément aux investissements (le reste n’étant que des avances de trésorerie).

En 2009, c’est donc un budget supplémentaire d’environ 5 Milliards d’euros qui sera investi dans notre économie, soit 0,25% du PIB Français, contre 1% du PIB décidé en Allemagne (2% sur deux ans) et 5% du PIB aux Etats-Unis (Le plan « Obama » prévoit 800 Milliards de dollars).

Le plan de relance français, s’il va dans le bon sens, manque cruellement d’envergure : il n’est pas assez important, pas assez rapide et pas assez ciblé. Il est donc urgent d’en concevoir un second !…

Adrien DEBEVER

Et maintenant…la Justice !

Le Président de la République dans sa boulimie de réformes souhaite la suppression des juges d’instruction pour confier les enquêtes au seul parquet.

Cette réforme se veut une réponse au fiasco judiciaire de l’affaire Outreau. Si cette terrible affaire a mis en lumière des besoins de réforme de l’instruction et des enquêtes judiciaires au sens large, la réponse donnée par la présidence de la République semble curieuse et quelque peu radicale, à moins que cela ne cache d’autres objectifs…

Le recours au juge d’instruction est une procédure qui reste exceptionnelle, réservée aux affaires sensibles ou complexes (pénales bien souvent). Ces magistrats du siège offrent ainsi une garantie d’indépendance par rapport au pouvoir exécutif.

Si demain, toutes les enquêtes judiciaires sont confiées aux magistrats du parquet, alors qu’ils sont nommés par le pouvoir politique et contrôlés par la Chancellerie, l’exécutif pourra décider de la pertinence d’instruire ou non les affaires !

Après une reprise en main des médias, avec la nomination du président de la télévision publique directement par le chef de l’Etat, c’est maintenant une atteinte à l’indépendance de la justice qui est engagée par l’Élysée.

Ceci n’a rien d’anodin : rappelons, en effet, que la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire voir médiatique) est une des bases de la démocratie. A l’avenir, la réforme souhaitée par l’Elysée permettra surtout d’étouffer des affaires gênantes pour le pouvoir en place (à l’image de ce que Berlusconi a installé en Italie)…

La France a un besoin urgent de réformes profondes, sur ce constat nous sommes nombreux à être d’accord, mais on ne peut pas cautionner des changements qui se traduisent par une confiscation du (des) pouvoir(s) par une élite, aussi éclairée soit-elle !

Adrien DEBEVER

Conso, Boulot, Dodo – 7 jours/7

Serait-ce mon dernier dimanche où je ne suis pas obligé de travailler, pendant lequel j’en profite pour écrire ce billet? En effet, le gouvernement souhaite libéraliser  le travail le dimanche, dernière déclinaison du « travailler plus pour gagner plus ». Derrière ce slogan, c’est le projet de société du candidat Sarkozy, devenu Président, qui transpire : il souhaite calquer le modèle anglo-saxon à la société française.

Cela implique pour tous de s’accomplir sur le plan personnel par la consommation de masse et pour beaucoup un cumul de plusieurs petits  emplois tout au long de la semaine pour pouvoir s’en sortir, compte tenu de salaires trop bas et d’une précarité constante de l’emploi.

Cette société de l’argent est bien loin du modèle humaniste auquel beaucoup d’entre nous aspirent plus ou moins consciemment.

Le dimanche, en effet, est un jour essentiel qui permet de faire une pause dans notre consommation compulsive. Il nous permet d’exprimer  les autres facettes de notre personnalité et de répondre à nos besoins de culture, de sport et de spiritualité.

C’est aussi du temps à consacrer à nos proches et nos familles, pilier de toute civilisation. Cette journée commune permet l’éducation des enfants,  la transmission des valeurs et des savoirs entre les générations.

Dans sa Lettre à l’éléphant, Romain Gary, dès 1968, percevait ce péril : « Dans une société, vraiment matérialiste et réaliste, poètes, écrivains, artistes, rêveurs et éléphants ne sont plus que des gêneurs. Dans un tel monde, il se pourrait bien qu’il n’y eût plus de place pour l’Homme. Tout ce qui restera de nous, ce seront des robots ».

En 2008, il faut donc, plus que jamais, lutter pour que l’humain ne soit pas réduit à une force productive ou une cible marketing. Cette lutte passe par la liberté  et  le  droit de ne pas travailler et de ne pas consommer le dimanche…

Adrien DEBEVER