La relance: effet de levier et nouvelles approches

La relance de l’économie mondiale est attendue par tous, on scrute le moindre signe, on pratique toutes sortes d’invocations et on s’en remet surtout un peu trop au voisin (en particulier celui d’Outre-Atlantique).

En réalité, pour que cela soit efficace, il faut que tout le monde joue le jeu. Le mauvais élève étant toujours plus facile à copier que l’élève vertueux.

L’Europe doit donc être un acteur de cette relance et la France aussi. Encore faut-il que les mesures proposées soient performantes et que l’on amorce un changement de fonctionnement pour l’avenir. En effet, vouloir à tout prix faire redémarrer une voiture dont la direction est faussée serait de l’aveuglement ou de la stupidité.

Les actions engagées doivent si possible entraîner des effets de levier…Or, en France, quel est le meilleur levier sur l’économie et l’emploi ? Les PME (- de 500 salariés) bien sur, qui représentent 99% des entreprises et + de 80% des emplois du privé.

Par ailleurs, les mesures doivent également inciter à modifier les mœurs du monde économique vers plus d’équité et de pérennité.

Pour répondre à ce double objectif, je pense que 4 grands axes pourraient être développés et mis en place :

  • Proposer aux PME une forte baisse des charges patronales si les salariés de l’entreprise possèdent au moins 1/3 du capital. Cette mesure qui permettrait de réconcilier en partie les intérêts des salariés et ceux des actionnaires  présente  plusieurs aspects positifs:

L’apparition d’une minorité de blocage, juridiquement constituée par les salariés-actionnaires à hauteur d’au moins 33% du capital de l’entreprise, pèserait d’un poids réel dans la lutte contre les délocalisations abusives et les OPA (offre publique d’achat) sauvages que se livrent les capitalistes-financiers.

L’augmentation du pouvoir d’achat des salariés grâce à la distribution annuelle des dividendes aux actionnaires.

L’augmentation de la compétitivité de l’entreprise puisque moins de charges sociales et plus de motivation du personnel directement intéressé aux bons résultats de la société.

  • Un Small Business Act à l’Européenne. La mesure phare de ce concept, c’est de réserver une part des marchés publics à des appels d’offre uniquement ouverts aux PME, réduisant ainsi la concurrence des multinationales souvent délocalisée. Véritable soutien  pour les chiffres d’affaire des PME (surtout en période de crise), cette mesure doit être européenne afin de ne pas créer d’autre distorsion de concurrence intra-communautaire.

  • Mutualisation de la recherche privée/publique pour les PME. En pleine crise des Universités, et dans une logique de modernisation, il apparaît plus que nécessaire d’instaurer une collaboration renforcée en matière de recherche appliquée entre PME locales et Ecoles et Universités régionales : soit une forme de sous-traitance de la recherche, les PME participant ainsi financièrement au développement de l’activité de recherche des universités.

  • Une politique industrielle autour de l’économie verte. La crise actuelle est particulièrement rude pour les restes d’une industrie européenne déjà malade. On ne peut se contenter pour l’avenir de l’Europe d’une économie exclusivement bâtie sur le secteur des services. Une telle économie ne générerait pas suffisamment de richesses pour tous et ne pourra de toutes façons pas absorber, en matière d’emplois, le monde ouvrier. Il faut donc une politique industrielle en Europe mais une politique nouvelle, innovante et durable. « L’économie verte » porte tout cela en elle, elle doit être développée et soutenue par les pouvoirs publiques (c’est l’industrie des énergies renouvelables, de la pharmaceutique verte, de la dépollution et du recyclage…).

La crise actuelle est une occasion unique pour le pouvoir politique de reprendre la main afin d’amorcer un changement  véritable, réfléchi et … volontaire de  notre société, et cela passe par ce type d’actions …

Adrien Debever